Le nom Amazing Grace symbolise la paix et la foi dans lesquelles le chœur se retrouve. Ce célèbre cantique fut composé au XVIII° siècle par un ancien négrier, John Newton. Né à Londres en 1725, d'un père capitaine de navire marchand, John Newton travaille dès l'âge de 12 ans, comme mousse. Après quelques années dans la marine royale britannique, il devient assistant, puis capitaine de navire marchand d'esclaves. Le 10 mai 1748, au cours d'une traversée, il échappe de justesse à un naufrage provoqué par une violente tempête. Cette expérience marque un tournant dans sa vie : il se tourne vers Dieu. Après de nombreuses années de réflexion et d'études, il est ordonné prêtre anglican. En 1764, il est nommé à Olney. C'est à cette époque qu'il écrit le cantique Amazing Grace dans lequel il évoque sa conversion : « Grâce infinie de notre Dieu, Qui un jour m'a sauvé. J'étais perdu, errant de lieu en lieu, Quand il m'a retrouvé. Ma vie fut complètement changée, Au moment où j'ai cru. Depuis ce jour, de tous les dangers, Sa Grâce m'a secouru » En 1780, il devient recteur de l'Église Saint Mary-Woolnoth de Londres.
A cette époque, le tout nouvel Oratorio de Haendel, « le Messie », remporte un vif succès. Les sermons de John Newton qui ont pour thème le livret de l'oratorio, attirent, eux aussi, de nombreux fidèles, dont le jeune William Wilberforce (1759-1833). Cette rencontre entre les deux hommes sera déterminante dans la carrière politique de Wilberforce : membre de la Chambre des Communes, il luttera, à la demande pressante de John Newton, pour l'abolition de l'esclavage dans l'Empire Britannique. Bien que devenu aveugle, John Newton continuera de prêcher jusqu'à la fin de sa vie. Il s'éteint à Londres le 21 décembre 1807. Juste avant sa mort, conscient du mal qu'il causa dans sa vie à l'encontre des esclaves, il déclare :« Ma mémoire me quitte, mais il y a deux choses dont je me souviens : je suis un grand pécheur et le Christ est un grand Sauveur. »
L'esclavage sera aboli dans l'Empire Britannique le 26 juillet 1833. En France et dans ses colonies, il faudra attendre l'intervention de Victor Schœlcher (1804-1883), membre du gouvernement provisoire de 1848 (II ème République), pour que soit aboli l'esclavage le 27 avril 1848 : « Disons nous et disons à nos enfants , déclarait-il, que, tant qu'il restera un esclave sur la surface de la terre, l'asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine toute entière. » Les historiens estiment à 15 millions le nombre d'Africains transportés aux Amériques entre 1540 et 1850. Des hommes, des femmes et des enfants, enchaînés tous ensemble par les mains et les pieds, entassés dans des navires et transportés à l'autre bout du monde. Seule la moitié d'entre eux survivaient à ce voyage, les autres succombaient des suites de la variole, de la dysenterie, ou se suicidaient.
Aujourd'hui, l'esclavage a pris d'autres formes : dans son rapport de 2001, le Bureau International du Travail de l'ONU estimait par exemple à 246 millions le nombre d'enfants de 5 à 17 ans qui, dans le monde, ne pouvaient aller à l'école. Ces enfants travaillent dans l'agriculture, l'artisanat et l'industrie, parfois dans des conditions de travail infernales. Parmi eux, 120 millions vivent dans la rue.
Informés et sensibilisés sur ces questions, les jeunes choristes réalisent que l'égoïsme n'est pas un idéal, ni l'injustice une fatalité. Le nom AMAZING GRACE donné au chœur marque donc le choix d'en faire un lieu d'éducation pour les jeunes autour d'une devise : « SEMER LA PAIX ». Les chants interprétés sont souvent l'occasion de parler des problèmes de justice et de paix dans le monde. Plusieurs fois dans l'année, entre deux concerts, le chœur offre des moments musicaux à l'attention de personnes défavorisées (personnes âgées accueillies par les Petites Sœurs des Pauvres, SDF de centres d'accueil, enfants malades ou handicapés, etc.). Chaque moment musical se termine par un goûter partagé pendant lequel le choriste est invité à aller à la rencontre de l'auditeur, à la rencontre de celui qui est différent !
Le nom AMAZING GRACE est aussi une invitation : choristes, parents de choristes, spectateurs venus nous écouter, directeur musical ou pianiste, tous, nous sommes invités à intégrer ce principe promu par l'ONU à l'initiative de Joseph Wresinsky et gravé le 17 octobre 1987 sur la Place des Droits de l'Homme et des Libertés à Paris :
« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »
Les paroles de ce cantique font allusion à plusieurs passages de la Bible : la traversée de la mer des joncs par Moïse et les fils d'Israël (Ex14,15-23) et la tempête apaisée (Mt 8,18 ; 23-27 ; Mc 4,35-41 ; Lc 8,22-25). Tout au long de ce cantique, la grâce est personnifiée. En effet, Dieu est grâce et source inépuisable de faveurs envers les humains (Ex 34,6-7 ; Ps 36,8-10). Cette grâce s'accomplit dans sa plénitude en Jésus- Christ (Jn 1,14 et 16 ; Ep 1,6-7).
“Amazing Grace”
"Amazing Grace how sweet the sound
That saved a wretch like me
I once was lost but now I'm found
Was blind but now I see
T'was Grace that taught my heart to fear
And Grace my fears relieved
How precious did that Grace appear
The hour I first believed
Through many dangers, toils and snares
I have already come
This Grace has brought me safe thus far
And Grace will Lead me home"
" Grâce étonnante, combien doux est le son
Qui a sauvé le misérable que j'étais.
Autrefois perdu mais maintenant retrouvé
J'étais aveugle mais maintenant je vois.
C'est la Grâce qui a appris à mon cœur la crainte,
La Grâce qui apaisé mes craintes,
Combien précieuse m'est apparue cette Grâce
Le jour où j'ai cru pour la première fois.
Par bien des dangers, des peines et des pièges
Je suis déjà passé.
C'était la Grâce qui m'a conduit sain et sauf jusqu'ici
Et c'est la Grâce qui me conduira à la maison."
Suite de la présentation : l'esclavage